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mes petites paroles intérieures/extérieures

mes petites paroles intérieures/extérieures
  • c'est tout comme la main et le revers de la main, le décor et l'envers du décor, l'intérieur et l'extérieur, le dedans et le dehors, le drame le poème : deux registres qui régissent le monde, deux dimensions qui nous montrent la vie en gros plan.
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mes petites paroles intérieures/extérieures
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28 juillet 2006

Mama Africa

P1010037

Ces yeux !
Quand elle te les plante, ses yeux,
On dirait une nymphe, prête à éclore,
Tu oublies que tu marches
depuis des centaines d'heures
sous des ciels fumeux.
Tu te surprends à claironner
A love supreme
d'une voix
neuve
...
Mama Africa
Toujous aussi rayonnante,
digne et fière,
Malgré ses lundis fous,
ses dimanches mous,
ses éréctions présidentielles
ses pluies pestilentielles
ses tyrans nauséeux
ses coups d'éclats péteux.
Elle garde le sourire.
Tout ceci passera :
Elle le sait.
Tout ceci n'est qu'une erreur :
Elle l'a toujours sû.
Une erreur de frappe
sur un bout de papier froissé
On aurait dû écrire Afrik au lieu d'Afrique,
Kango à la place de Congo,
Gabou à la place de Gabon,
Béno au lieu Bénin.
Il n'y aurait pas eu tout ça :
darfouroiseries à la noix,
zaïroiseries à quatre pattes,
gestioniaiseries kongoloises.
Je vous dis !
Y aurait pas tous ces mots barbares,
ces  prêtres-maux
venus du fond des âges,
âges obscurs
mondes vaporeux...

Je vous le dis moi !
Lumumba serait encore là,
Nkrumah encore là,
Sankara, aussi...
Mokassa ?
Hum, ce n'est pas si sûr.
Mokutu, ah encore moins.

Mama Africa
Quand elle te regarde
droit dans les yeux,
tu comprends mieux :
Anta n'est pas mort pour rien,
Senghor aussi.
Senghor,
Hama,
Hampaté Bâ,
Matsoua,
Franklin Boukaka,
Nsoni za Buta Nsi,
Utam'si...

Tu saisis mieux :
tout finira par passer,
elle demeurera jusqu'au fond de la bouteille.
Mama Africa !
Africa Mama !

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28 juillet 2006

Quand le monde se mire sur un papier glacé...

laurye1

Regardez comme il se mire le monde !
Il se mire dans un masque à gaz.
Le monde s'admire
devant deux cent mille kalashnikov
Le monde se trouve beau
avec ses cadavres qui débordent...
Elégant, intélligent avec ses maux !

Il est étonnant le monde.
Il continue à sourire,
à rire
à baiser,
à copuler le monde !
Ha ?

28 juillet 2006

Ces yeux qui me parlent de moi...

lolo_et_kabu


Ah ces yeux !
Si beaux quand on les regarde une minute,
Si profonds quand on y fourre ses yeux.
Ils me disent le monde :
ce qu'il a été
et ce qu'il sera
quand je ne serai plus là...

Ils me disent ce que mon père a vécu
Un lundi huit septembre mille neuf sans sous :


Une pluie de pisse est tombée sur la ville,
France est allée vivre à Yongo,
Kongo est allé ronfler sous un pont,


Du côté de la vallée des Montagnards...
Ces yeux !
Si doux hein pas vrai ?
Ils me parlent de moi :
Moi, baladin sur des sentiers obscurs,
Moi, chômeur à la retraite anticipée,
Moi, clouée du matin au soir
sur un banc en bois en blanc,
Moi, affalé au coin d'une rue que la mairie a oubliée,
Moi Jean-Michel de la Bretelle,
Né par les pieds un jeudi trois mai
à une heure improbable !

Ah ces yeux de mon pays.
Qu'est ce qu'ils sont beaux et grands !
Ils me parlent de Céphyse, la fille aux yeux discrets,
ces beaux yeux discrets qui ont vu le monde en une nuit.

 

 


Ah ces yeux !
J'ai envie de plonger dans l'océan d'images

qu'ils creusent sous mes yeux ébahis !
Chut...

Je vais plonger...

28 juillet 2006

Si près de nous parfois se cache le bonheur !

laurye 

 

Chut...le voilà !
Où s'en va t'il si vite ?
Au Bengladesh.
Où ?
Au Népal chercher le bonheur
Il l'a vu sur la branche d'un palétuvier.

Alors il s'en va le cueillir 
avant que les autres ne le fassent à sa place
Au Népal cueillir le bonheur ?
Il est fou, dis !
Les voisins le disent aussi.
Il est siphonné...
Moi j'ai Céphyse :
Mon bonheur est fait.
Lui avait Lolo
Mais n'en voulait plus
Trop grande
Pas assez grande
Trop jolie
Pas assez belle
Trop silencieuse
Pas assez bavarde...
Alors il s'en va à Moscou chercher une autre
Une autre plus belle, plus grande...
Il est fou, dis !
Oui, les autres le pensent aussi.
Moi j'ai Céphyse, ça me suffit.
Belle pas belle
Jolie pas jolie
Je m'en fous
Elle a le sourire
Le sourire de ceux qui savent aimer
Elle a la tête des femmes du Saloum
Elles saventdire oui à la vie
pour toujours.
Elle a les yeux des filles de chez moi.
Elles savent regarder au delà du voile.
Il est fou, lui !
Tu penses ?
Oui.
Moi non.
Laissons le partir.
Qui sait...

26 juillet 2006

Lettre intérieure à Massonnet, mon frère !

sounda_3


Mon frère !
Je préfère t'appeler mon frère tout court,
Plutôt que d'ajouter...de sang, comme tu aimes à le faire :
Mon frère de sang (sic !)
J'ignore le sens tu donnes à ce mot déjà lourd de sens.
Je préfère dire mon frère,
Plutôt que d'ajouter trois litres de sang,
L'amour n'en sera pas moins grand...
La vérité c'est que je n'ai plus assez de sang tu vois.
J'en ai trop donné ces temps-ci :
Un litre au Kongo-Kinshasa
Trois litres à Gaza,
Trois autres litres au Darfour,
Un quatrième au Liban.
Tu te rends compte tout ce sang qui court,
Ce sang qui fuit à la vitesse d'une balle de kalashnikov ?

Hier soir encore
Ils sont venus me demander dix litres...
Dix mômes à sauver.
Tu te rends compte?

Revenons à toi.
Cette nuit pendant que je ronflais,
Tu es venu déposer un mot au pied du lit.
Puis tu es resté une longue minute à me regarder ronfler.
En vérité je ne ronflais pas.
Je réflechissais.
J'aime réfélchir en ronflant.
Les idées glissent très vite.
Je t'ai vu sortir de la chambre en croisant tes pieds.
Tu n'as pas voulu me réveiller.
J'ai ri un peu...

Mon frère,
J'ai lu ton mot dès que tu as refermé la porte derrière toi.
Première phrase de ton mot :
Ah sounda mon frère,
Ta route a été longue hein ?
Deuxième phrase :
Longue et pénible mon sounda !...

Vrai.
Elle a été longue ma route.
Pénible  à certains endroits, à cause des nids de poule.
Mais tu sais : je le savais qu'elle allait l'être.
Depuis le début je le savais.
Te souviens-tu
Je suis né par les pieds
Un certain jeudi trois mai à une heure improbable.
Jeudi dans le calendrier des gens de mon village, c'est le jour des  marcheurs :
Ceux qui vont au delà des montagnes et des roulettes,
Ceux qui arpentent les sentiers qu'on a pas encore battu à mort,
Ceux qui partent le matin et reviennent le lendemain soir...

Mais ne va croire
Qu'elle n'a été que sueurs et larmes ma route
Que non mon frère !
Elle fût surtout exquise, à cause des rencontres.
Des rencontres vraies, simples, indélébiles, humaines.
Tu sais, faire une vraie rencontre n'est pas du tout donné.
Grand père Talansi me disait : ah ça se mérite.
Y en a qui sont tombés sur des tyrans, des fuyards,
D'autres qui ont croisé le fer avec des cruches, des roublards...

J'ai rencontré les Peulhs
Ces gens délicieusement humains.
J'ai dansé avec eux, une nuit de grande chaleur,
En me demandant si demain allait etre fait de pastèques,
Ces fruits si juteux du désert...

Les Peulhs,
Ces grands voyageurs !
Ils te donnent la main sans se demander
Ce qu'elle adviendra demain matin...

J'ai épousé une Touareg sur le chemin.
Un vrai délice une Touareg !
La vie est tellement délicieuse à ses côtés !
Plus de matins truffés d'angoisse
Plus de nuits enrhumées !
Mais quand je dis "épousé" une Touareg
C'est de la pensée Touareg dont je voudrais te parler :
la philosophie Touareg,
l'oeil Touareg sur le monde, notre monde.
Un vrai bonheur en vérité !

Je sais
Tu t'es demandé :
Pourquoi le Sahara au lieu de Boulogne,
Pourquoi Toumbouctou au lieu de Palaiseau-sur-bras-de-mer.
Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?...

 

La vérité est là :
Je suis allé à la recherche d'un petit rien
Ce petit rien pour le quel on sent si fier d'avoir vécu :
La richesse de l'âme.
Ponton-la-Bière m'a tant appauvri !
Il fallait partir...
A la recherche de ce fromager
Dont les feuilles ne sont pâs des feuilles de fromager
Mais des bouts d'âmes sagement accrochées les unes sur les autres.

Au pied du fromager
J'ai rencontré un très beau Dogon
Très beau à l'intérieur.
De lui j'ai appris une chose éssentielle :
Progresser dans la vie ne veut nullement dire
amasser des accessoires, des applaudissements, des lauriers,
des félicitations, des hourras, des feuilles mortes, des...
Oh que non !
Progresser c'est savoir gerer ses échecs,
pour en faire demain des signes de vie et d'amour
qui serviront à la prosterité !...

Mon frère,
Il y a des voyages qui remplissent le ventre
d'autres qui vous grisent la tête.
Le mien m'a mis plein d'étoiles dans les yeux.
Le mien m'a fait pousser des bottes de foin dans le coeur.
Le foin.
C'est précieux le foin !
Précieux pour les chevaux.
Précieux aussi pour les humaux.

Bon vent à toi mon frère !
La dernière phrase de ton mot m'a fait sourire :
J'irai un de ces quatre chercher le sentier qui déscend jusqu'à chez toi.
Allez va je t'attends, Massonnet !

sounda_4

 

Chut,  regarde par la fenêtre !
Une image
Un moment de vie
Cent mille mots d'amour
Gravés sur la voie qui va à Yongo,
Le village de mon père.
Allez, salut, Massonnet !


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26 juillet 2006

Intériorité

sounda_2

 

Intériorité ?
Oui, je consens :
C'est un mot assez étrange
Par ces temps qui courent plus vite que notre temps.
Ces temps qui s'éffilochent sans que l'on ne sache trop pourquoi.
Un mot barbare
En ces temps si policés qui jette tout le monde dehors.
Un mot à brûler vif sans aucune odeur de remords dans le nez.

Intériorité ?
Comment, intériorité !
On danse dehors. On rêve dehors. On pense dehors.
On copule dehors. On cogite dehors.
Tu me parles d'intériorité?
Tout est déhors :
La langue, les yeux, les dents.
Même la cervelle et les boyaux n'y échappent pas.
Intériorité par ces temps du paraître et du non-être ?

Maman, regarde !
Ils se sont mis à marcher par les fesses.
A manger par le bout du nez.
A pisser à même la braguette.
Regarde maman !...
Intériorité ?
Ce mot...

Plonger dans mon "dedans"
Comme l'aurait dit mon grand père.
Revoir mes paramètres.
Voir si mes lumières sont toujours allumées au bon endroit.
Réecouter ma voix intérieure :
Entendre ces mots,
Son timbre,
Son silence.
Ce mot...

J'ai décidé de faire du théâtre de l'intériorité.
Quand je dis "décidé"
Ce n'est pas comme quand on décide d'une loi
Dans une cour de tractations, mais comme on s'accorde avec soi-même
Pour déscendre les marches de son être,
Arpenter les couloirs de son âme,
Raviver adroitement les lampions de sa lucidité...

Intériorité ?
Mais oui, intériorité !
Bon d'accord je  t'explique :
Ce n'est pas tant d'écrire sur telle ou telle autre action qui importe
Un chômeur à la retraite, entrain de brouter son premier crôuton de la journée,
Et qui sérieusement se demande si demain sera encore fait de croûtons
Ou mieux de poulet et de viande hachée...
Un clochard qui se gratte qui se gratte la tête pour la centième fois,
Sur un banc abandonné par un marchand de journaux.
Que non, ce n'est pas cela qui m'émeut...

Intériorité ?
C'est plutôt l'après-mangé, l'après-gratté,
Ce bouillonnement intérieur tissé de questions, de doutes...

Intériorité ?
Mais oui, toi aussi !
Quand comprendras-tu une voie pour toutes ?
Un théâtre du dedans.
Un théâtre d'après le crime, le forfait,
La purulence, la démangeaison.
Un théâtre d'après le gâchis !

 

Ah ah intériorité ?
Mais oui bouffi !
Ce mot...

25 juillet 2006

Deux ou trois paroles intérieures pour commencer

sounda

Grand père était polygame. Père aussi.
Les voisins me regardent. Je dévine leur inquiétude.
Je sais ce qu'ils redoutent les pauvres.
Mais ils n'osent pas le sortir en plein jour.
De peur que mes oreilles ne tombent dessus.

Grand père avait huit femmes dans sa piaule.
Tous les matins on le voyait sortir avec un sourire malicieux
Le sourire de ceux qui pensent qu'avoir huit femmes
Peut vous rajouter huit mois voire huit ans de plus sur terre.
Il se prélassait discrètement, dissimulant son bonheur. Bonheur !
Et tous les matins on voyait ses huit femmes se précipiter au champ
Houes et casseroles en bandoulière...

Grand père avait le giron de plus en plus gros
Les mains de plus en plus plates
Il se tapait chaque soir huit plats z'entendez huit plats !
Huit plats, huit fourchettes, huit gobelets,  huit cure-dents !
Il voyait la vie en huit, le veinard !

Ces huit femmes vieillissaient de plus en plus
Non elles maigrissaient à vue d'oeil.
On aurait dit qu'un mauvais esprit les habitait de haut en bas.
La vérité c'est qu"elles n'arrêtaient jamais de bêcher.
Bêcher, sarcler,  laver, repasser, recurer,
Remuer, triturer, labourer du matin au soir
Pendant que grand père ah le veinard
Lui se tournait les doigts à l'ombre du fromager !

 

Pendant ce temps la famille s'aggrandissait
Sans que grand père ne se doute de rien.
Ah le veinard !
Une fille et un garçon à la fois !
Deux frères siamois !
Une autre fille et un autre garçon !
Huit petits enfants le même jour !

Grand père continuait à se tourner les pieds !
Mais à force de les tourner,
De les retourner sens dessus dessous
On finit par se retrouver avec des pattes de canard
Et c'est ce qui est arrivé exactement !

 

Grand père est mort
Mort avec quatre pattes de canard dans la gueule
Mort un lundi huit août mille huit cent soixante huit
A huit heures huit minutes et quatre vingt huit secondes !

 

Voilà !
Pourtant tout le monde le lui avait crié :
C'est pas une bonne idée épouser huit femmes à la fois !
Allez reviens tu y laisseras ta vie !

Mon grand-père était polygame,
Mon père aussi hélas !
Les voisins me regardent avec angoisse.
J'ai envie de leur dire ah mais vous vous plantez mes amis !
J'aime Céphyse moi.
Je l'aimerais jusqu'au fond de la bouteille !....

 

Je préfère la boucler.
A quoi ça sert ?
Ils ne me croiront pas...

Tiens je ferais mieux de
regarder plutôt ce berger chinois
Qui tourne autour d'un fox terrier pakistanais.
Ils vont se mettre ensemble sans doute.
Se mettre ensemble du matin au soir,
Faire une famille...

 

Chut une question me brûle la lèvre supérieure :
Que peuvent nous fabriquer un berger chinois et un fox-terrier pakistanais ?...

Silence de mort !...
On refléchit. On invoque les ancêtres...
Ah dieu fasse qu'ils nous pondent un joli petit labrador Kongolois !...



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