Mama Africa
Ces yeux !
Quand elle te les plante, ses yeux,
On dirait une nymphe, prête à éclore,
Tu oublies que tu marches
depuis des centaines d'heures
sous des ciels fumeux.
Tu te surprends à claironner
A love supreme
d'une voix
neuve
...
Mama Africa
Toujous aussi rayonnante,
digne et fière,
Malgré ses lundis fous,
ses dimanches mous,
ses éréctions présidentielles
ses pluies pestilentielles
ses tyrans nauséeux
ses coups d'éclats péteux.
Elle garde le sourire.
Tout ceci passera :
Elle le sait.
Tout ceci n'est qu'une erreur :
Elle l'a toujours sû.
Une erreur de frappe
sur un bout de papier froissé
On aurait dû écrire Afrik au lieu d'Afrique,
Kango à la place de Congo,
Gabou à la place de Gabon,
Béno au lieu Bénin.
Il n'y aurait pas eu tout ça :
darfouroiseries à la noix,
zaïroiseries à quatre pattes,
gestioniaiseries kongoloises.
Je vous dis !
Y aurait pas tous ces mots barbares,
ces prêtres-maux
venus du fond des âges,
âges obscurs
mondes vaporeux...
Je vous le dis moi !
Lumumba serait encore là,
Nkrumah encore là,
Sankara, aussi...
Mokassa ?
Hum, ce n'est pas si sûr.
Mokutu, ah encore moins.
Mama Africa
Quand elle te regarde
droit dans les yeux,
tu comprends mieux :
Anta n'est pas mort pour rien,
Senghor aussi.
Senghor,
Hama,
Hampaté Bâ,
Matsoua,
Franklin Boukaka,
Nsoni za Buta Nsi,
Utam'si...
Tu saisis mieux :
tout finira par passer,
elle demeurera jusqu'au fond de la bouteille.
Mama Africa !
Africa Mama !